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Page:Leblanc - L’Agence Barnett et Cie, 1933.djvu/191

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BÉCHOUX ARRÊTE JIM BARNETT

Béchoux ne remuait pas, anéanti. Il se sentait la victime de la plus détestable mystification. Aucun remède. Aucune réaction possible. Le mal était fait.

« Toi, Béchoux répéta Jim Barnett. Toi qui savais évidemment. Toi que l’on avait chargé, nous le savions, de « cuisiner » le gardien de la paix. Mais comment l’attirer ici ? Facile. Je me suis mis un jour sur ton chemin. Je me fis suivre par toi jusqu’à cette place du Trocadéro où stationnait ma jolie Bohémienne. Quelques mots échangés à voix basse, quelques regards vers cette maison… et tu tombais dans le panneau. L’idée de me pincer ou de pincer ma complice t’animait d’une belle ardeur. Ton poste de bataille fut ici, près du général Desroques et près de son valet de chambre Sylvestre, c’est-à-dire près de moi, qui, de la sorte, pouvais te voir chaque jour, t’écouter et influer sur toi par l’intermédiaire du général Desroques. »

Jim Barnett se tourna vers celui-ci :

« Tous mes compliments, mon général, vous avez été avec Béchoux d’une subtilité et d’une adresse qui ont prévenu ses soupçons et l’ont conduit au but, c’est-à-dire à mettre à notre disposition, durant quelques minutes, le gardien de la paix inconnu. Mais oui, Béchoux quelques minutes suffisaient. Quel était l’objectif ? Le tien ? Celui de la police ? du Parquet ? De tout le monde ?… Retrouver la photographie, n’est-ce pas ? Or, je savais ton ingéniosité, et je ne doutais pas que tes investigations n’eussent été poussées aux limites de la perfection. Donc, inutile de chercher sur les routes mille fois piétinées. Il fallait imaginer autre chose, autre chose d’anormal et d’extraordinaire, et l’imaginer a priori, pour que le jour où le bonhomme viendrait ici, on le dépouillât à son insu,