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L’AGENCE BARNETT ET Cie

« La photographie… je la reconnais…

— Tu la reconnais, n’est-ce pas ? Environ quinze centimètres… décollée de son carton et quelque peu froissée. Voulez-vous la dérouler vous-même, mon général ? »

Le général Desroques s’empara du document d’une main qui n’était pas aussi sûre qu’à l’ordinaire. Quatre lettres et un télégramme s’y trouvaient épinglés. Il contempla la photographie un moment et la montra à ses deux compagnons en expliquant d’une voix où il y avait une émotion infinie, de la joie et, peu à peu, une angoisse croissante :

« Le portrait d’une femme, une jeune femme qui tient un enfant sur ses genoux. On retrouve en elle l’expression même de Mme Véraldy… telle que la représentent les photographies publiées par les journaux. Sans aucun doute, c’est elle, il y a neuf ou dix ans peut-être. D’ailleurs, la date est inscrite… ici, en bas… Tenez… je ne me trompais guère… cela remonte à onze ans… Comme signature : Christiane… le prénom de Mme Véraldy… »

Le général Desroques murmura :

« Que devons-nous penser ? Mon fils la connaissait donc à cette époque, avant qu’elle ne soit mariée ?…

— Lisez les lettres, mon général », fit Barnett qui tendit la première feuille, usée à l’endroit des plis, et où l’on apercevait une écriture de femme.

Le général Desroques lut, et, dès le début, étouffa un cri comme s’il apprenait une chose grave et douloureuse. Avidement il continua sa lecture, parcourut les autres lettres et le télégramme que lui offrait Barnett au fur et à mesure. Et il se tut, le visage bouleversé d’angoisse.

« Vous pouvez nous expliquer, mon général ? »