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BÉCHOUX ARRÊTE JIM BARNETT

pas déroger à sa mission, qui était d’arrêter Barnett.

« Bien dit, Béchoux, s’écria Barnett en lui tendant la main. Bien dit. Me voici arrêté, jugulé et vaincu. On ne peut rien te reprocher. Maintenant, si tu y consens, je m’évade, ce qui donne toute satisfaction à ton amitié pour moi. »

Béchoux formula malgré lui, avec cette sorte de candeur qui le rendait sympathique :

« Tu les dépasses tous, Barnett… Tu as une tête de plus qu’eux. Ce que tu as fait aujourd’hui tient vraiment du miracle. Avoir deviné ça ! Avoir deviné, sans aucun indice, une cachette aussi invraisemblable qu’un bâton de gardien de la paix ! »

Barnett joua la comédie :

« Bah ! l’appât du gain stimule l’imagination.

— Quel gain ? observa Béchoux, inquiet. Ce n’est pas ce que t’offrira le général Desroques.

— Et que je refuserais ! puisque l’Agence Barnett est gratuite, ne l’oublions pas.

— Alors ?… »

Jim Barnett fut impitoyable.

« Alors, Béchoux, en parcourant la quatrième lettre du coin de l’œil, j’ai appris que Christiane Véraldy, dès le début, avait averti loyalement son mari. Par conséquent, celui-ci connaissant l’ancienne liaison de sa femme et l’existence d’un enfant a trompé la justice en ne l’éclairant pas, et cela, dans le but de se venger de Jean Desroques et de l’envoyer, si possible, à l’échafaud. Calcul effroyable, conviens-en. Crois-tu donc que le richissime Véraldy ne serait pas heureux de racheter une lettre aussi infamante, et que si un brave homme, désireux d’étouffer