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Page:Leblanc - L’Agence Barnett et Cie, 1933.djvu/23

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LES GOUTTES QUI TOMBENT

« C’est cette copie que vous tenez entre les mains ! C’est elle qui a été substituée à vos perles véritables. Les autres, les vraies, il les a prises. Pour quelle cause ? La fortune du baron Assermann le mettant au-dessus de toute accusation de vol, devons-nous envisager des mobiles d’un ordre intime… vengeance… besoin de tourmenter, de faire du mal, peut-être de punir ? N’est-ce pas ? une jeune et jolie femme peut commettre certaines imprudences, bien légitimes, mais qu’un mari juge avec quelque sévérité… Excusez-moi, baronne. Il ne m’appartient pas d’entrer dans les secrets de votre ménage, mais seulement de chercher, d’accord avec vous, où se trouve votre collier.

— Non ! s’écria Valérie, avec un mouvement de recul, non ! non ! »

Elle en avait soudain assez, de cet insupportable auxiliaire qui, en quelques minutes de conversation, presque badine par instants, et d’une façon contraire à toutes les règles d’une enquête, découvrait avec une aisance diabolique tous les mystères qui l’enveloppaient, et lui montrait, d’un air goguenard, l’abîme où le destin la précipitait. Elle ne voulait plus entendre sa voix sarcastique :

« Non », répétait-elle obstinément.

Il s’inclina.

« À votre aise, madame. Loin de moi l’idée de vous importuner. Je suis là pour vous rendre service et dans la mesure où cela vous plaît. Au point où nous en sommes, d’ailleurs, je suis persuadé que vous pouvez vous dispenser de mon aide, d’autant plus que votre mari, ne pouvant sortir, n’aura certes pas commis l’imprudence de