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LES GOUTTES QUI TOMBENT

Mais un événement, que tout annonçait sans qu’on pût le croire aussi proche, brusqua la situation. Une fin d’après-midi, on vint la chercher en hâte : son mari était la proie d’une crise inquiétante. Prostré sur le divan, au seuil du cabinet de toilette, il étouffait. Sa face décomposée marquait d’atroces souffrances.

Effrayée, Valérie téléphona au docteur. Le baron marmotta :

« Trop tard… trop tard…

— Mais non, dit-elle, je te jure que tout ira bien. »

Il essaya de se lever.

« À boire… demanda-t-il en titubant vers la toilette.

— Mais tu as de l’eau dans la carafe, mon ami.

— Non… non… pas de cette eau-là…

— Pourquoi ce caprice ?

— Je veux boire l’autre… celle-ci… »

Il retomba sans forces. Elle ouvrit vivement le robinet du lavabo qu’il désignait, puis alla chercher un verre qu’elle remplit et que, finalement, il refusa de boire.

Un long silence suivit. L’eau coulait doucement à côté. La figure du moribond se creusait.

Il lui fit signe qu’il avait à parler. Elle se pencha. Mais il dut craindre que les domestiques n’entendissent, car il ordonna :

« Plus près… plus près… »

Elle hésitait, comme si elle eût redouté les paroles qu’il voulait dire. Le regard de son mari fut si impérieux que, soudain domptée, elle s’agenouilla et colla presque son oreille contre lui. Des mots furent chuchotés, incohérents, et dont elle pouvait tout au plus deviner le sens.

« Les perles… le collier… Il faut que tu saches, avant