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Page:Leblanc - L’Agence Barnett et Cie, 1933.djvu/51

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LA LETTRE D’AMOUR DU ROI GEORGES

Le sieur Leboc attendait déjà depuis une demi-heure. Miss Lovendale descendit d’automobile. Puis M. Formerie arriva, tout guilleret, et s’écria aussitôt :

« Bonjour, monsieur Barnett. Nous apportez-vous de bonnes nouvelles ?

— Peut-être, monsieur le juge d’instruction.

— Eh bien, moi aussi… moi aussi ! Mais nous allons d’abord expédier votre témoin, et rapidement. Aucun intérêt, votre témoin. Du temps perdu. Enfin… »

Élisabeth Lovendale était une vieille Anglaise, aux cheveux gris ébouriffés, aux allures excentriques, vêtue sans recherche, qui parlait français comme une Française, mais avec une telle volubilité qu’on avait peine à comprendre.

Dès son entrée, et avant toute question, elle partit à grande allure.

« Ce pauvre M. Vaucherel ! Assassiné ! Un si brave monsieur, et si curieux homme ! Alors vous désirez savoir si je l’ai connu ? Pas beaucoup. Une fois seulement je suis venue ici pour une affaire. Je voulais lui acheter quelque chose. L’accord ne s’est pas fait sur le prix. Je devais le revoir, après avoir consulté mes frères. Ce sont des gens connus, mes frères… Les plus gros… comment dites-vous ?… les plus gros épiciers de Londres… »

M. Formerie essaya de canaliser ce flot de paroles.

« Quelle chose désiriez-vous acheter, mademoiselle ?

— Un petit bout de papier… tout petit… du papier qui pourrait s’appeler aujourd’hui de la pelure d’oignon.

— Et qui a de la valeur ?

— Beaucoup pour moi. Et j’ai eu tort de le lui dire : « Vous saurez, cher monsieur Vaucherel, que la mère de