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Page:Leblanc - L’Agence Barnett et Cie, 1933.djvu/61

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LA PARTIE DE BACCARA

« Jim Barnett, madame, dont je vous ai parlé comme du seul homme qui puisse vous sauver. — Mme Fougeraie, femme de l’ingénieur Fougeraie, qui est sur le point d’être inculpé.

— Inculpé de quoi ?

— D’assassinat. »

Jim Barnett eut un petit claquement de langue. Béchoux fut scandalisé.

« Excusez mon ami Barnett, madame ; plus une affaire est grave et plus il se sent à l’aise. »

L’auto roulait déjà vers les quais de Rouen. On tourna sur la gauche et l’on s’arrêta devant une vaste maison dont le troisième étage servait de local au Centre Normand.

« C’est là, dit Béchoux, que les gros négociants et industriels de Rouen et des environs se réunissent pour causer, lire les journaux et jouer leur bridge ou leur poker, le vendredi surtout qui est jour de Bourse. Comme il n’y a personne avant midi que les gens de ménage, j’ai tout loisir de vous mettre au courant du drame qui s’y est passé. »

Trois grandes salles se suivaient le long de la façade, confortablement meublées et munies de tapis. La troisième communiquait avec une pièce beaucoup plus petite, en forme de rotonde, et dont l’unique fenêtre ouvrait sur un large balcon d’où l’on dominait les quais de la Seine.

Ils s’assirent, Mme Fougeraie un peu à l’écart, près d’une fenêtre, et Béchoux raconta :

« Donc, il y a quelques semaines, un vendredi, quatre membres du Cercle, qui avaient bien dîné, se mirent à