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Page:Leblanc - L’Agence Barnett et Cie, 1933.djvu/70

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L’AGENCE BARNETT ET Cie

Tuillier se trompa deux fois. Jim Barnett s’impatienta et, d’autorité, prit sa place à la droite de Béchoux.

Au bout de dix minutes — car les événements marchaient à une vitesse que rien ne ralentissait — plus de la moitié des billets de banque, tirés de leurs portefeuilles par les quatre amis, encombraient le tapis vert devant Béchoux. Maxime Tuillier, par l’intermédiaire de Jim Barnett, commençait à perdre sur parole… toujours l’exacte répétition de ce qui s’était passé.

Le rythme s’accéléra. Vivement, la pointe extrême de la partie fut atteinte. Et soudain Béchoux, comme l’avait fait Paul Erstein, divisa son gain en quatre liasses proportionnelles aux pertes, proposant ainsi les trois « quitte ou double » définitifs.

Ses adversaires le suivaient du regard, impressionnés évidemment par le souvenir du soir tragique.

Trois fois Béchoux servit les deux tableaux.

Et trois fois, au lieu de perdre comme Paul Erstein avait perdu, Béchoux gagna.

Il y eut, parmi les assistants, de la surprise. Pourquoi la chance, qui aurait dû tourner pour que le miracle du renouvellement se continuât jusqu’au bout, favorisait-elle encore celui qui tenait la banque ? Si l’on sortait de la réalité connue pour entrer dans une réalité différente, devait-on croire que cette autre version était la bonne ? Devait-on croire que ce revirement avait été organisé par Barnett et par Béchoux pour montrer comment s’était déroulée la véritable partie entre les cinq joueurs ?

Et Béchoux se leva, comme s’était levé Paul Erstein. Et toujours conformément à son rôle de banquier gagnant, il empocha les quatre liasses de billets. Puis, de