Page:Leblanc - L’Agence Barnett et Cie, 1933.djvu/77

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
69
LA PARTIE DE BACCARA

— Et pourquoi ?

— Parce qu’il vous remboursait les sommes perdues. Oui, je sais, vous êtes riches, tous les trois. Mais cette partie de baccara vous avait déséquilibrés. Comme tous les joueurs d’occasion, vous aviez l’impression d’avoir été dépouillés de votre argent, et quand cet argent vous fut rendu, vous l’avez accepté sans vouloir connaître la façon dont votre ami l’avait conquis. Vous vous êtes accrochés désespérément au silence. Et le lendemain, et les jours suivants, après que le crime eut été constaté, vous vous êtes évités les uns les autres, tellement vous aviez peur d’apprendre vos pensées réciproques.

— Suppositions !

— Certitudes ! que j’ai acquises par une enquête minutieuse dans votre entourage. Accuser votre ami, c’était dénoncer votre défaillance initiale, c’était attirer l’attention sur vous et sur vos familles, et jeter une ombre sur votre long passé d’honneur et d’honnêteté. C’était le scandale. Et vous avez gardé le silence, trompant ainsi la justice et garantissant contre elle votre ami Maxime. »

L’accusation fut lancée avec une telle véhémence, et le drame, ainsi expliqué, prenait un tel relief que M. Auvard eut un moment d’hésitation. Mais, par un revirement imprévu, Jim Barnett ne poussa pas plus loin son avantage. Il se mit à rire et dit :

« Tranquillisez-vous, monsieur. J’ai réussi à démolir votre ami Maxime en truquant la partie de tout à l’heure et en le faisant assister à son crime. Mais je n’avais pas plus de preuves contre lui que je n’en ai contre vous, et vous n’êtes pas, vous, des gens à vous laisser abattre. D’autant plus que votre complicité, je le répète, est va-