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L’HOMME AUX DENTS D’OR

IV

L’HOMME AUX DENTS D’OR

Jim Barnett, ayant soulevé le rideau de la vitrine qui fermait sur la rue le bureau de l’Agence, partit d’un éclat de rire sonore et dut s’asseoir tellement cet accès d’hilarité lui coupait les jambes.

« Oh ! ça c’est drôle ! Si jamais je m’étais attendu à celle-là… Béchoux qui vient me voir ! Dieu ! que c’est drôle !

— Qu’est-ce qui est drôle ? » demanda l’inspecteur Béchoux dès son arrivée.

Il contemplait cet homme qui riait en poussant de petites exclamations haletantes, et il répétait piteusement :

« Qu’est-ce qui est drôle ?

— Ta visite, parbleu ! Quoi ! après l’histoire du Cercle de Rouen, tu as le courage de rappliquer ici. Sacré Béchoux ! »

Béchoux avait un air si penaud que Barnett aurait bien voulu se dominer. Mais il ne pouvait pas et il continuait avec des quintes de gaieté qui l’étranglaient :

« Excuse-moi, mon vieux Béchoux… c’est si rigolo ! Alors, voilà que toi, représentant diplômé de la justice, voilà que tu m’apportes encore un oiseau à plumer ! Un millionnaire peut-être ? Un ministre ? Comme tu es gentil ! Aussi, tu vois, je fais comme toi, l’autre jour, je te tutoie. N’est-on pas des copains tous les deux ? Allons, ne