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Page:Leblanc - L’Aiguille creuse, 1912.djvu/154

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L’AIGUILLE CREUSE

Depuis quelques minutes, Lupin demeurait immobile. Pas un muscle de son visage n’avait bougé. Que pensait-il ? À quel acte allait-il se résoudre ? Pour quiconque savait la violence farouche de son orgueil, un seul dénouement était possible : l’effondrement total, immédiat, définitif de son ennemi. Ses doigts se crispèrent. J’eus une seconde la sensation qu’il allait se jeter sur lui et l’étrangler.

— Qu’en dis-tu, maître ? répéta Beautrelet.

Lupin saisit le télégramme qui se trouvait sur la table, le tendit et prononça, très maître de lui :

— Tiens, bébé, lis cela.

Beautrelet devint grave, subitement impressionné par la douceur du geste. Il déplia le papier, et tout de suite, relevant les yeux, murmura :

— Que signifie ?… Je ne comprends pas…

— Tu comprends toujours bien le premier mot, dit Lupin… le premier mot de la dépêche… c’est-à-dire le nom de l’endroit d’où elle fut expédiée… Regarde… Cherbourg.

— Oui… oui… balbutia Beautrelet… oui… je comprends… Cherbourg… et après ?

— Et après ?… il me semble que la suite n’est pas moins claire : Enlèvement du colis