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L’AIGUILLE CREUSE

aucune difficulté pour en écrire l’aveu officiel. Oui, Mlle de Saint-Véran est vivante. Oui, je l’aime. Oui, j’ai le chagrin de n’être pas aimé d’elle. Oui, l’enquête du petit Beautrelet est admirable de précision et de justesse. Oui, nous sommes d’accord sur tous les points. Il n’y a plus d’énigme. Il n’y a plus de mystère. Eh bien ! alors ?…

« Atteint jusqu’aux profondeurs mêmes de mon âme, tout saignant encore des blessures morales les plus cruelles, je demande qu’on ne livre pas davantage à la malignité publique mes sentiments les plus intimes et mes espoirs les plus secrets. Je demande la paix, la paix qui m’est nécessaire pour conquérir l’affection de Mlle de Saint-Véran, et pour effacer de son souvenir les mille petits outrages que lui valait de la part de son oncle et de sa cousine, — ceci n’a pas été dit, — sa situation de parente pauvre. Mlle de Saint-Véran oubliera ce passé détestable. Tout ce qu’elle pourra désirer, fût-ce le plus beau joyau du monde, fût-ce le trésor le plus inaccessible, je le mettrai à ses pieds. Elle sera heureuse. Elle m’aimera.

« Mais pour réussir, encore une fois, il me faut la paix. C’est pourquoi je dépose les armes, et c’est pourquoi j’apporte à mes ennemis le rameau d’olivier, — tout en les avertissant