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Page:Leblanc - L’Aiguille creuse, 1912.djvu/181

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L’AIGUILLE CREUSE
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de quelques renseignements. Laissez-la moi. Et puis nous bavarderons. Je l’ai connue toute petite.


Froberval s’en alla. Beautrelet et la petite fille restèrent seuls dans la salle de l’estaminet. Des minutes s’écoulèrent, un garçon entra, emporta des tasses et disparut. Les yeux du jeune homme et de l’enfant se rencontrèrent, et avec beaucoup de douceur, Beautrelet mit sa main sur la main de la fillette. Elle le regarda deux ou trois secondes, éperdue, comme suffoquée. Puis, se couvrant brusquement la tête entre ses bras repliés, elle éclata en sanglots.

Il la laissa pleurer et, au bout d’un instant, lui dit :

— C’est toi qui as tout fait, n’est-ce pas, c’est toi qui as servi d’intermédiaire ? C’est toi qui as porté la photographie ? Tu l’avoues, n’est-ce pas ? Et quand tu disais que mon père était dans sa chambre avant-hier, tu savais bien que non, n’est-ce pas, puisque c’est toi qui l’avais aidé à sortir…

Elle ne répondait pas. Il lui dit :

— Pourquoi as-tu fait cela ? On t’a offert de l’argent, sans doute… de quoi t’acheter des rubans… une robe…

Il décroisa les bras de Charlotte et lui releva