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Page:Leblanc - L’Aiguille creuse, 1912.djvu/222

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L’AIGUILLE CREUSE

« Cent quatorze ans plus tard, Louis XVI, prisonnier au Temple, prit à part l’un des officiers qui étaient chargés de surveiller la famille royale et lui dit :

— Monsieur, vous n’aviez pas, sous mon aïeul, le grand roi, un ancêtre qui servait comme capitaine des gardes ?

— Oui, sire.

— Eh bien, seriez-vous homme… seriez-vous homme…

« Il hésita. L’officier acheva la phrase.

— À ne pas vous trahir ? Oh ! sire…

— Alors, écoutez-moi.

« Il tira de sa poche un petit livre dont il arracha l’une des dernières pages. Mais, se ravisant :

— Non, il vaut mieux que je copie…

« Il prit une grande feuille de papier qu’il déchira de façon à ne garder qu’un petit espace rectangulaire sur lequel il copia cinq lignes de points, de lignes et de chiffres que portait la page imprimée. Puis ayant brûlé celle-ci, il plia en quatre la feuille manuscrite, la cacheta de cire rouge et me la donna.

— Monsieur, après ma mort, vous remettrez cela à la reine, et vous lui direz : « De la part du roi, Madame… pour votre Majesté et pour son fils… » Si elle ne comprend pas…