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Page:Leblanc - L’Aiguille creuse, 1912.djvu/255

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L’AIGUILLE CREUSE
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ses jambes, le torse solide, l’attitude redoutable, il ricana en regardant les trois domestiques pétrifiés et le baron ahuri.

— Isidore, t’as fait une boulette. Si tu ne leur avais pas dit que j’étais Lupin, ils me sautaient dessus. Et des gaillards comme ceux-là, bigre, que serais-je devenu, mon Dieu ! Un contre quatre !

Il s’approcha d’eux :

— Allons, mes enfants, n’ayez pas peur… je ne vous ferai pas de bobo… tenez, voulez-vous un bout de sucre d’orge ? Ça vous remontera. Ah ! toi, par exemple, tu vas me rendre mon billet de cent francs. Oui, oui, je te reconnais. C’est toi que j’ai payé tout à l’heure pour porter la lettre à ta maîtresse… Allons, vite, mauvais serviteur…

Il prit le billet bleu que lui tendit le domestique et le déchira en petits morceaux.

— L’argent de la trahison… ça me brûle les doigts.

Il enleva son chapeau et s’inclinant très bas devant Mme de Villemon :

— Me pardonnez-vous, Madame ? Les hasards de la vie, — de la mienne surtout, — obligent souvent à des cruautés dont je suis le premier à rougir. Mais soyez sans crainte pour votre fils, c’est une simple piqûre, une petite piqûre