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L’AIGUILLE CREUSE

au bras que je lui ai faite, pendant qu’on l’interrogeait. Dans une heure, tout au plus, il n’y paraîtra pas… Encore une fois, toutes mes excuses. Mais j’ai besoin de votre silence.

Il salua de nouveau, remercia M. de Vélines de son aimable hospitalité, prit sa canne, alluma une cigarette, en offrit une au baron, donna un coup de chapeau circulaire, cria d’un petit ton protecteur à Beautrelet :

— Adieu, bébé !


et s’en alla tranquillement en lançant des bouffées de cigarette dans le nez des domestiques…

Beautrelet attendit quelques minutes. Mme de Villemon, plus calme, veillait son fils. Il s’avança vers elle dans le but de lui adresser un dernier appel. Leurs yeux se croisèrent. Il ne dit rien. Il avait compris que jamais, maintenant, quoi qu’il arrivât, elle ne parlerait. Là encore, dans ce cerveau de mère, le secret de l’Aiguille creuse était enseveli aussi profondément que dans les ténèbres du passé.

Alors il renonça et partit.

Il était dix heures et demie. Il y avait un train à onze heures cinquante. Lentement il suivit l’allée du parc et s’engagea sur le chemin qui le menait à la gare.