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Page:Leblanc - L’Aiguille creuse, 1912.djvu/336

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L’AIGUILLE CREUSE

étaient calmes, attentifs, presque curieux, comme si, dans l’effroyable danger qui le menaçait, il ne se fût intéressé qu’au problème moral qui étreignait le jeune homme. Isidore se déciderait-il à donner le coup de grâce à l’ennemi vaincu ?

La porte craqua du haut en bas.

— À moi, Beautrelet, nous le tenons, vociféra Ganimard.

Isidore leva son revolver.

Ce qui se passa fut si rapide qu’il n’en eut pour ainsi dire conscience que par la suite. Il vit Lupin se baisser, courir le long du mur, raser la porte, au-dessous de l’arme même que brandissait vainement Ganimard, et il se sentit soudain, lui, Beautrelet, projeté à terre, ramassé aussitôt, et soulevé par une force invincible.

Lupin le tenait en l’air, comme un bouclier vivant, derrière lequel il se cachait.

— Dix contre un que je m’échappe, Ganimard ! Avec Lupin, vois-tu, il y a toujours de la ressource…

Il avait reculé rapidement vers le triptyque. Tenant d’une main Beautrelet plaqué contre sa poitrine, de l’autre il dégagea l’issue et referma la petite porte. Il était sauvé.