Page:Leblanc - La Cagliostro se venge, paru dans Le Journal, 1934.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Raoul lui dit :

— Je suppose que vous avez lu, ce matin, l’article de l’Écho de France, où l’on semble accuser mon hôte, Félicien Charles. Ne sachant où le rejoindre, c’est à moi que vous vous en prenez, n’est-ce pas ?

Au premier choc, la colère de la jeune femme se déchaîna, une colère pleine de sanglots et d’effroi, qui révélait une nature violente, sombre, incapable, par moments, de se contrôler.

— Voilà trois jours que celui que j’aime a disparu, trois jours que je le cherche vainement et que je cours de tous côtés comme une folle. Et ce matin, brusquement, dans ce journal — car je les lis tous avec l’épouvante d’apprendre qu’il a été victime d’un accident — dans ce journal, j’ai lu son nom… Il était blessé, presque mourant. Il est peut-être mort à l’heure actuelle… Alors…

— Alors pourquoi êtes-vous venue ici au lieu d’aller à la clinique ?

— Avant d’y aller, j’ai voulu vous voir.

— Pourquoi ?

Elle ne répondit pas à la question. Elle marcha vers Raoul, furieuse et superbe d’ailleurs, et proféra :

— Pourquoi ? Parce que c’est vous qui êtes l’auteur de tout cela. Oui, vous ! Toute l’affaire est votre œuvre, il suffit de lire ce journal. Félicien Charles ? Un comparse. Le chef, c’est vous ! Celui qui a machiné toute l’aventure, c’est vous ! J’en ai l’intuition, la certitude… Dès que j’ai lu le journal, je me suis dit : « C’est lui ! »

— Qui, moi ? Vous ne me connaissez pas.