Page:Leblanc - La Cagliostro se venge, paru dans Le Journal, 1934.djvu/67

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Elle se débattait furieusement, tout en continuant à l’insulter, malgré la main rigide qui lui fermait la bouche. Mais, peu à peu sa résistance faiblit et, penché sur elle, il répéta :

— Je ne viens pas en ennemi… je ne viens pas en agresseur. Mais je veux que tu m’écoutes et que tu me répondes. Sinon, tant pis pour toi.

Il l’avait reprise aux épaules et la tenait renversée. Penché sur elle, il lui dit, à voix basse :

— J’ai vu le frère de Simon, Thomas Le Bouc. J’ai causé longtemps avec lui. Il m’a révélé ce qu’il savait de la vérité sur Félicien. Le reste, c’est à toi de me le dire. Tu me connais, Faustine, je ne céderai pas. Ou bien tu parleras, et tout de suite, tu entends, tout de suite… ou bien… ou bien…

Son visage descendait vers le visage farouche et terrifié. Les lèvres de Faustine se dérobèrent aux lèvres qui s’en approchaient.

— Parle, Faustine, parle, dit-il d’une voix qui s’altérait.

Elle vit, tout près des siens, les yeux implacables de Raoul. Elle eut peur.

— Laissez-moi, murmura-t-elle, vaincue.

— Tu parleras ?

— Oui.

— Maintenant… Sans détour et sans réserve ?

— Oui.

— Jure-le sur la tête de Simon Lorient.

— Je le jure.

Il l’abandonna aussitôt et s’éloigna vers la fenêtre, tournant le dos à la jeune femme.

Quand elle se fut rajustée, il revint à elle, la considéra un instant, avec regret, comme une belle proie qui vous échappe, et le dialogue s’engagea, rapide et précis.

— Thomas Le Bouc prétend que Félicien est mon fils.

— Je ne connais pas Thomas Le Bouc.

— Mais, par Simon Lorient, tu connaissais son père, le vieux Barthélemy ?

— Oui.

— Il avait confiance en toi ?

— Oui.

— Que savais-tu de sa vie secrète ?

— Rien.

— Et de la vie de Simon Lorient ? de ses projets ?

— Rien.

— Pas même leur machination contre moi ?

— Non.

— Cependant, ils t’ont dit que Félicien était mon fils.

— Ils me l’ont dit.

— Sans te donner de preuves ?

— Je ne leur en ai pas demandé. Que m’importait ?

— Mais il m’importe, à moi, fit Raoul, le visage contracté. Il faut que je sache s’il est mon fils ou s’il ne l’est pas. Est-ce une comédie qu’ils jouaient, en profitant de certains renseignements recueillis par hasard ? Ou bien une vérité qu’ils essayèrent de mettre à profit en me menaçant de parler ? Je ne peux pas vivre dans une telle incertitude… Je ne le peux pas…

Elle parut s’étonner de l’émotion contenue que son accent trahissait. Cependant, elle dit encore, et avec plus de force :

— Je ne sais rien.

— Peut-être. Mais tu peux savoir, ou du moins me mettre à même de savoir.

— Comment ?

— Thomas Le Bouc affirme que Barthélemy t’a remis une petite pochette qui contenait des documents à ce propos.