Page:Leblanc - La Cagliostro se venge, paru dans Le Journal, 1934.djvu/69

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ne continuais pas son œuvre de destruction contre moi.

Elle secoua la tête.

— Non. Elle ne m’a jamais rien dit.

— Parle.

— J’étais tout enfant. Il y a quinze ans… Des gens l’ont conduite dans mon village de Corse et l’ont installée dans une petite maison. Elle était à moitié folle, mais une folie douce, tranquille. Elle m’attirait chez elle, gentiment. Elle ne causait jamais… Elle pleurait beaucoup, des larmes qu’elle n’essuyait pas. Elle était encore belle… mais une maladie l’a rongée, très vite… et, un jour, il y a six ans… j’ai fait la veillée près de son lit de mort.

— Tu es sûre ? dit-il, bouleversé d’émotion. Qui t’a révélé son nom ?

— On le savait, dans le village… Et, en outre…

— En outre ?…

— Je l’ai su par le vieux Barthélemy et par Simon Lorient, qui la cherchaient partout et qui l’ont trouvée là, un peu avant sa mort. C’est alors, durant ces quelques semaines, que nous nous sommes aimés, Simon et moi. Et il m’a emmenée à Paris…

— Pourquoi la cherchaient-ils ?

Après un moment d’indécision, elle expliqua :

— Je vous ai dit déjà que je ne savais rien de la vie secrète de Simon et de son père… Aujourd’hui je comprends qu’ils ont accompli des choses mauvaises, mais ils me les cachaient ; cependant, peu à peu, par bribes, j’ai deviné l’histoire de Félicien… pas tout, car eux-mêmes ne savaient pas tout.