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Page:Leblanc - La Femme aux deux sourires, paru dans Le Journal, 1932.djvu/134

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Après une pause, Raoul précisa :

— Or, les averses de projectiles, qui se produisent d’un bout de l’année à l’autre, sont plus fréquentes et plus denses à certaines périodes fixes, et la plus connue est celle qui se produit au mois d’août, exactement du neuf au quatorze, et qui paraît avoir son point d’origine dans la constellation de Persée. D’où le nom de Perséides sous lequel on désigne cette poussière d’étoiles filantes. Et d’où la plaisanterie que je me suis permise en accusant Persée.

Sans laisser au marquis le loisir d’émettre un doute ou une objection, Raoul continua :

— Voilà quatre jours qu’un homme à moi, habile et dévoué, saute, la nuit, le mur à l’endroit de la brèche, fouille les ruines dès le matin aux environs de ce tertre, et moi-même, j’y suis venu dès l’aube hier et aujourd’hui.

— Vous avez trouvé ?

— Oui.

Raoul exhiba une petite boule de la grosseur d’une noix, toute ronde, mais rugueuse, pleine d’aspérités dont les angles auraient été émoussés par la fusion qui avait recouvert la surface d’une sorte d’émail d’un noir brillant.

Il s’était à peine interrompu, il reprit :

— Ce projectile, je ne doute pas que les policiers de l’enquête initiale ne l’aient vu, mais nul ne l’a remarqué, car ils cherchaient quelque balle de fusil ou quelque projectile de fabrication humaine. Pour moi, sa présence ici est la preuve indiscutable de la réalité. J’ai d’autres preuves. D’abord, la date même du drame : le 13 août, qui est un des jours où la Terre passe sous l’averse des Perséides. Et je vous dirai que cette date du 13 août est un des premiers points de lumière qui aient jailli dans mon esprit.

» Et puis, j’ai la preuve irréfutable, celle qui n’est pas seulement une preuve de logique et de raisonnement, mais une preuve scientifique. Hier, j’ai porté cette pierre à Vichy, dans un laboratoire de chimie et de biologie. On y a trouvé, plaqués contre la couche de vernis extérieure, des fragments de tissu humain carbonisés… oui, des fragments de peau et de chair, des cellules arrachées à un être vivant qui se sont carbonisées au contact du projectile enflammé et qui y ont adhéré si indissolublement que le