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Page:Leblanc - La Machine à courage, 1947.pdf/117

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CHAPITRE III

WASHINGTON SQUARE, NEW-YORK. ― MON THEATER CLUB. ― « BON SPORT ». ― MON « ART CORPORATION »



Il y avait sept mois que Jules Bouy et ses amis regardaient ma vie monter et descendre aux extrêmes comme le schéma d’une feuille de température dans les crises mortelles.

Ils étaient fatigués. Leur devoir exigeait un conseil final : mon retour en France. Je refusai net. Ils étaient libres ― moi aussi, et je n’étais pas fatiguée. J’avais triomphé chaque fois que j’avais paru. C’était assez pour blinder ma volonté. Je n’avais pas joué encore ma carte essentielle. Le moment était venu. Je savais maintenant que je ne débuterais que par mes propres forces… Je regardais les squares, les places, avec le désir de me planter là au beau milieu et de chanter à tue-tête. Les fenêtres s’ouvriraient, on m’écouterait… et qui sait…

Je commençai par chercher un local quelconque où je chanterais tous les soirs ― hangar, garage, chapelle désaffectée dont la location serait minime. Je trouvai mieux ― une maison promise à la démolition. C’était au 47 Washington square south, ― ce jardin linéaire encadré d’anciennes demeures. Je poussai une porte sans serrure ― une longue salle, et… dans le fond, une scène surélevée de quatre marches. Autour, un logement suffisant : bureau, deux chambres,