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Page:Leblanc - La Machine à courage, 1947.pdf/126

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LA MACHINE À COURAGE

minuait à vue d’œil, il n’en restait que les arêtes à la fin du voyage.


Mais je ne pus continuer ― l’organisation des concerts en Amérique exige une fortune. Ma récompense dans cette tournée fut de voir les journaux se dépasser dans les sous-titres extravagants.

Si mon expérience en Amérique ne s’était pas résolue par un juste accord entre mon effort et son résultat, je ne le révèlerais peut-être pas dans ces détails. La réussite de Washington square fut pour ceux qui m’avait aidée une sanction. J’avais prouvé publiquement que mes difficultés n’avaient pas dépendu de moi en tant qu’artiste, mais d’une idée ou plutôt d’un sentiment : ne pas établir mon succès sur un marché odieux. Beaucoup m’avaient blâmée sans comprendre. Qu’importe, ma conduite avait été simplement juste. Mais il eût été bête d’en rester victime. Je n’aurais pu m’y résoudre. On m’avait dit qu’un peu de souplesse arrangerait tout… non, mille fois non. Il y a dans les humains de belles saisons, il faut savoir qu’elles passent vite. Je n’ai qu’une infinie gratitude envers ceux qui ont voulu me donner ce qu’ils jugeaient être plus que ce que je voulais.