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Page:Leblanc - La Machine à courage, 1947.pdf/221

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VERS LE BUT

« — J’ai dit seulement lisez le livre, Madame, lisez le livre… »


22 Juillet. Éblouissement physique et moral lorsque chaque soir je peux m’étendre dans mon lit. Étonnement du corps qui redoute une souffrance qui ne vient pas. J’éprouve souvent une forte chaleur interne, agréable comme si je m’approchais d’un feu. Je dors sans agitation. Je crois à une sourde et bienfaisante perturbation. Ma pensée est comblée de reconnaissante surprise. Je comprends ce qui arrive, mais le vivre est surprenant.


27 Juillet. Hier, arrivée chez lui, fatiguée, me traînant. Lu le livre pendant deux heures. Après je suis partie légère et forte. Marché des kilomètres sans lassitude. Physiquement je vis un printemps, dans ce mois de juillet froid… Je me sens chargée comme une dynamo.



30 Juillet. Gurdjieff entre pendant que je lis. Je suis à la fin d’un chapitre sur les religions. Je lui dis mon exaltation avec aussi peu de mots et de gestes que possible — il n’aime pas les « manifestations ». Il est visiblement satisfait.

Il juge ma santé de mieux en mieux. Il ajoute :

« — Encore rien. Bientôt commencera autre chose. »


Août 1936. Plus jamais aucune souffrance. Je ne sens pas mes organes. Mon corps sait qu’il vit un miracle. Moralement je ne suis pas encore habituée à l’émerveillement. J’assiste à quelque chose d’immense qui se passe en moi. Notre cerveau n’est pas notre seul contrôle — certains organes enregistrent ce qui se passe en nous plus exactement que le cerveau. En ce moment j’ai l’impression d’avoir en moi une roue qui tourne continuellement, englobant tout mon corps des pieds à la tête, intérieurement et extérieurement. Roue mue par le soulagement des organes délivrés et par ma consciente volonté de recevoir ce qui m’est « envoyé ». C’est aussi la