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Page:Leblanc - La Machine à courage, 1947.pdf/234

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POSTFACE
par
MARGARET ANDERSON,
(Traduit de l’anglais par Monique Serrure.)



Un matin, c’était un des premiers jours de juin 1939, Georgette Leblanc alla consulter le docteur Edmond Gros à l’hôpital américain de Neuilly. Elle fut stupéfaite quand il insista sur la nécessité d’avoir une consultation immédiate avec le docteur de Martel. Son diagnostic, donné le lendemain, la rassura parce qu’il était faux. Il ne dit la vérité qu’à Monique et à moi.

Nous écoutions ce verdict comme si ces mots n’avaient pas de sens. Pour nous, Georgette Leblanc, dont la vie s’était déroulée « à travers des corridors de lumière sans fin et en chantant »[1], ne pouvait pas entrer dans un monde de ténèbres. Du reste ce n’était pas le moment de penser à notre propre tragédie, nous devions empêcher Georgette de connaître la sienne. Ce ne fut pas chose difficile, son don de ne croire qu’aux encouragements lui fit admettre sans hésitation la version du docteur : une tumeur bénigne qui devait être enlevée avant qu’elle ne devienne dange-

  1. I think continually of those who were truly great,
    Who, from the womb, remembered the soul’s history
    Through corridors of light where the hours are suns,
    Endless and singing...

    Stephen Spender.