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Page:Leblanc - La Machine à courage, 1947.pdf/239

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ULTIMA VERBA[1]

I

J’ai adoré seulement…


Mon Dieu, je ne suis qu’une chose
qui repose
entre vos mains.
Vous avez permis que je partage la vie de votre terre,
l’heureuse liberté des ciels
et la tendre violence des couleurs.
J’ai adoré seulement ceux qui sont venus me rejoindre là.

Vous avez permis que le monde des ombres reste fermé pour moi.

Sans comprendre ce qu’il fallait faire j’ai traversé les villes
où les hommes sont des morts ;
Mais plus loin, quand revint la jeune saison,
j’ai compris la grande humilité du vert
qui revêt durant le jour, les chemins, les forêts, les jardins.
J’ai adoré seulement ceux qui sont venus me rejoindre là…
et j’ai su tout cela, mon Dieu, parce que vous m’avez faite
comme une simple chose
qui repose
en vos mains.

  1. Ces derniers poèmes furent écrits par Georgette Leblanc au Cannet en 1941 quelques jours avant sa mort. Les trois premières lignes

    « Mon Dieu, je ne suis qu’une chose
    qui repose
    entre vos mains. »

    ont été gravées sur sa tombe.