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CHAPITRE II

WILLIAM RANDOLPH HEARST ET le Sunday American. — INCOGNITO. — L’HIPPODROME. — LE FEU QUOTIDIEN. — LE « SENSATIONNEL INDISPENSABLE. »



Le journal qui devait publier mes « Souvenirs », le Sunday-American de Hearst, hebdomadaire illustré, était un de ces étonnants journaux du dimanche, si volumineux qu’il faut les porter à pleins bras.

Véral m’emmena visiter l’établissement. Il occupait plusieurs « blocks » dans un quartier populeux. Une façade si longue que l’on n’en voyait pas la fin, des fenêtres toutes petites, des rues sombres. J’eus l’impression de prison. Nous entrâmes directement par l’imprimerie — région infernale où la chaleur, le bruit, les faces humaines ruisselantes, tout m’invitait à la fuite. Plusieurs escaliers de fer montaient en vrilles dans les salles. Je me précipitai dans le premier venu pour chercher l’air et la paix. En haut, c’était moins noir, moins chaud, mais aussi laid et aussi sale.

Véral me présenta tous les rédacteurs du journal, mais quand je demandai si je ne verrais pas le directeur, William Randolph Hearst, on se mit à rire très fort — on ne connaît pas le rire modéré en Amérique. Jamais le directeur ne venait au journal, il avait d’ailleurs plusieurs journaux et vivait dans plusieurs pays à la fois.