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LE ROMAN D’UNE JEUNE FILLE

son gosier, attaqua le duo de Mireille, soutenue par M. Lartiste père, un vieillard à figure glabre dont la bouche, au contraire, restait hermétiquement close — en sorte que les deux parties du duo, les roucoulades de la femme, comme les appels frénétiques de l’homme, ses prières, ses promesses, ses métamorphoses en oiseau et en papillon, ses battements d’ailes, tout semblait se passer dans la gorge béante de Mireille, dans ce gouffre où l’on voyait s’agiter un monde de petites mécaniques affolées. Ce couple d’amoureux eut un gros succès.

« Au tour de M. le Hourteulx, reprit le jeune Simare. Notre millionnaire va chanter pour vous, madame, car vous savez, c’est une passion depuis qu’il vous a vue à l’église, une passion naturellement que partage son ennemi Beaufrelant, puisque les deux hommes forment toujours les mêmes désirs pour avoir la joie de se contrecarrer. Une vieille haine… le Hourteulx était marié, et il paraît que Beaufrelant… »

Simare se pencha vers Gilberte et lui dit quelques mots à l’oreille.

Mais on réservait pour la fin le jeune Lartiste qui devait à son seul nom une célébrité de grand acteur.

« Personne ne dit les vers comme le fils Lartiste, » affirmait-on à Domfront.

Et, dès les premiers mots, on regarda Gilberte pour jouir de son étonnement.

Malheureusement, Simare continuait ses réflexions plus ou moins convenables, et Gilberte, bien que n’en saisissant pas toujours le sens exact, était si gênée