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LE ROMAN D’UNE JEUNE FILLE

« Et voilà le sauvage Guillaume de la Vaudraye. Croiriez-vous que vous m’intimidiez ? Vrai, vous me faisiez peur avec votre air bourru. »

Après cette entrevue, Gilberte fit deux ou trois courses et rentra au Logis. C’était la fin du jour. Elle se dirigea vers le pavillon et vit au loin son compagnon de rêve. Elle lui dit, comme s’il eût pu l’entendre et qu’il fût indispensable de le prévenir sans retard de la bonne nouvelle :

« Vous savez, j’ai un second ami. »

Et Gilberte ne trouvait rien d’extraordinaire à cette amitié soudaine, fondée sur un échange de quelques phrases. N’était-elle pas de ces êtres simples qui obéissent toujours à l’élan irréfléchi de leur cœur, qui vous regardent droit dans les yeux, et qui ne jugent pas déplacé de dire aux gens les sentiments qu’ils éprouvent pour eux ?

Aussi, le lendemain soir, elle alla chez Mme de la Vaudraye, tout heureuse d’y revoir son nouvel ami. Une déception l’attendait, Guillaume ne parut pas.

Elle y retourna le jour suivant. Guillaume descendit au salon, la salua, et ne sembla même plus s’apercevoir de sa présence.

Alors, le troisième jour, comme on écoutait le duo de Mireille chanté par Mlle du Bocage et M. Lartiste père, et que Guillaume se trouvait seul dans la pièce voisine, elle se rendit auprès de lui.

Tout de suite elle vit qu’il cherchait à l’éviter. Ne le pouvant, il eut un mouvement de contrariété et se croisa les bras en une attitude indifférente.

« Et vos promesses ? dit-elle avec un enjouement un