Page:Leblanc - La Robe d’écailles roses, 1935.djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
140
LE ROMAN D’UNE JEUNE FILLE

cation entre les deux jeunes gens, Gilberte pensa bien que son intervention n’arrangerait pas les choses comme avec M. Le Hourteulx et M. Beaufrelant. Guillaume ne consentirait plus à ce qu’on reçut M. Simare. Le père prendrait le parti de son fils. Mme de la Vaudraye serait furieuse de perdre deux de ses habitués. Enfin il y avait là toute une suite d’ennuis et de querelles dont elle serait la cause véritable.

Elle déjeuna tristement. Le pressentiment d’un danger l’assombrissait, mais elle n’aurait pu dire de quelle sorte il était, ni qui elle supposait menacé. Il fallait que son tourment fût réel pour qu’elle se levât tout à coup, sortit et se dirigeât vers la maison de la Vaudraye. Mais il fallait aussi que sa démarche lui parût bien inutile et bien grave pour qu’elle s’arrêtât subitement, hésitante et craintive. Que faire ? Sur qui devait-elle agir ? Quels événements devait-elle conjurer ?

L’église était proche, elle y entra. Mais elle ne put Prier, et son anxiété devenait d’autant plus douloureuse qu’elle en ignorait le motif. Alors, plutôt que de retourner au Logis, où l’inaction lui eût été intolérable, elle descendit par la grand’route jusqu’au fond de la vallée, suivit un instant la Varenne, puis remonta du côté de la Haute-Chapelle.

Vers trois heures, un peu lasse, elle chercha l’ombre à la lisière d’un petit bois, et s’assit.

Elle avait à peine quitté la route que le landau de l’hôtel passa et tourna par le chemin forestier. Guillaume s’y trouvait-il ?

Un bruit de grelots, des claquements de fouet an-