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LE ROMAN D’UNE JEUNE FILLE

en même temps homme d’affaires, recevait ses clients, la plupart des compatriotes. M. Dumas a fait une déclaration d’où il résulte que tous ses papiers ont été brûlés.

« De ce côté, nous arrivons par conséquent à une certitude, malheureusement fâcheuse : vos papiers de famille n’existent plus, voilà qui est clair. Il faut donc retrouver la trace de vos parents, à dater du moment où ils ont quitté la France. Une fois là, dans la ville où ils habitaient, il nous sera aisé, par la notoriété publique, de reconstituer votre état civil.

« Or, à Berlin, votre père employait un Français du nom de Renaudeau, en qui il semblait avoir toute confiance et qu’il traitait, au dire des voisins, comme un ami de vieille date. À son départ, il lui laissa son fonds. Ce Renaudeau, l’année suivante, fit faillite. Mais on le croit à Hambourg. J’ai donc écrit ces jours-ci à notre consul en cette ville. Dès que j’aurai sa réponse… »


Les jours s’ajoutèrent les uns aux autres, pareils aux jours qui avaient suivi son arrivée à Domfront. Elle redevint la recluse auprès de qui, seuls, avaient accès les malheureux de la contrée, et, s’ils la nommaient encore la bonne demoiselle du Logis, et bénissaient sa charité, peut-être maintenant n’emportaient-ils plus cette impression de réconfort qu’ils aimaient autant que l’aumône. Comment eût-elle consolé, elle qui eût tant voulu qu’on la consolât ?

Cependant toute espérance ne l’abandonnait point. Gilberte avait une de ces natures un peu passives qui,