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LE ROMAN D’UNE JEUNE FILLE

l’intention bien arrêtée d’envoyer la lettre libératrice, sitôt reçue, chez Mme de la Vaudraye.

Le matin arrivait, puis l’après-midi. Point de lettre. Elle n’en ressentait aucune déception.

« Ce sera donc pour demain, » pensait-elle, frémissante d’espoir.

Le facteur devint à ses yeux un personnage considérable, un monsieur qui n’était pas indigne qu’on lui fit des avances. Elle lui décochait ses plus jolis sourires, comme si elle eût voulu gagner sa confiance et le convaincre qu’il devait avoir au fond de sa boite une lettre pour elle. Adèle était ravie.

« Ah ! madame, voilà donc que vous redevenez comme avant ! C’est pas dommage. Vrai, ça m’inquiétait de vous voir toujours triste, sans goût à rien, toute pâlie. Mais pour Dieu, vous avez bien raison, un de perdu, dix de retrouvés. »

Déliée de son silence, elle pouvait enfin rapporter tout ce qu’on avait dit à Domfront de cette rupture, et tout ce qui s’y faisait maintenant. Et Gilberte apprit que le salon de Mme de la Vaudraye, fermé depuis trois semaines, venait de se rouvrir. On avait invité M. Beaufrelant et M. le Hourteulx. La chaisière prédisait même une réconciliation prochaine avec le fils Simare, pour qui son père n’avait cessé de solliciter. À la dernière réception, le duo de Mireille, par M. Lartiste père et Mlle du Bocage, très en progrès tous deux, avait été vigoureusement applaudi. Mais le gros événement consistait dans la transformation de Guillaume que tout le monde trouvait changé à son avantage.