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LE ROMAN D’UNE JEUNE FILLE

au coucher du soleil, une force irrésistible la mena jusqu’au pavillon en ruines. Guillaume n’était pas parmi les rochers du vallon.

Le lendemain elle ne l’y vit pas non plus.

Cette nuit-là, un mouvement de fièvre la fit délirer. L’image de son fiancé se mêlait dans son esprit à l’image de Mlle Charmeron.

À son réveil, elle en rit de bon cœur. Rien n’était capable de diminuer sa foi en Guillaume. Elle était sûre de lui comme d’elle-même.

Elle se leva pleine de courage, résolue à être heureuse malgré tout. Et elle le fut, en vaillante créature qui juge les autres d’après sa propre noblesse, et qui peut être troublée en ses nerfs et en son instinct de femme, sans qu’un souffle altère la sérénité de son âme.

Jusqu’au déjeuner elle fit de la musique. Le repas fini, elle se promena dans son jardin et cueillit des fleurs. Quand elle rentra, Guillaume l’attendait au salon.

« Vous… vous… » murmura-t-elle, défaillante.

Elle dut s’asseoir, et ils restèrent à quelques pas l’un de l’autre, les yeux baissés. Il semblait à Gilberte que sa vie entière ne suffirait pas pour absorber toute la joie qui l’enveloppait. Comme elle avait eu raison d’être heureuse quand même, et de se préparer à ce bonheur plus grand ! Triste et soupçonneuse, elle n’aurait pu le supporter.

Guillaume lui demanda :

« Vous n’avez pas rencontré ma mère ? elle vous cherche dans le jardin.