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UN AMOUR

— Et tu as eu assez de confiance en moi ?… malgré l’article… malgré les noms… »

À son tour, elle était saisie d’un trouble immense, et elle expliquait, en balbutiant :

« C’est une erreur qu’on a faite… les deux femmes, c’étaient nos cousines Dufriche… Au dernier moment, Georges les avait invitées… Un seul journal s’est trompé… Il a mis Jacques Dufriche… Je l’ai appris trop tard pour te télégraphier… Oh ! comme tu as dû souffrir !

— Je n’ai pas souffert, Je n’avais pas le droit de souffrir, puisque ta lettre était là, sous mes yeux, et que je te connais, et que je te sais incapable de mentir. Non, je n’ai pas cru, Gilberte… il m’eût été impossible de croire une pareille chose de toi… »

Ils se turent, les mains jointes. Aucune parole ne pouvait plus exprimer la sorte d’extase qui les bouleversait. Ils frissonnaient jusqu’au fond même de leur être. Ils se sentaient, dans leur faiblesse humaine, et par la grâce de leur amour, plus forts que le destin, plus grands que le malheur, plus puissants que la mort. Et, au milieu de ces gens qui les regardaient, ils éprouvaient tous deux la même envie de tomber à genoux et de sangloter.