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NOËL TRAGIQUE

— Oui, il n’y a que Catherine qui attend notre coup de sonnette et Antoine qui doit dormir dans le vestibule. »

Elles n’osaient regarder l’horloge. Mais, au fond d’elles, les secondes continuaient leur petit travail féroce, et chacune de ces secondes était un supplice.

Deux heures…

Mme de Revez se mit à pleurer. Sa sœur la rudoya et, tout de suite, elle-même, éclata en sanglots.

Et soudain, dans le parc, du côté de l’entrée, il y eut des cris, du tumulte. Elles entendirent Antoine qui sortait précipitamment et qui courait à la rencontre des nouveaux arrivants. Sous les fenêtres, un dialogue très rapide s’engagea. Antoine poussa une clameur d’effroi.

« Ah ! bégaya Mme de Revez, il y a eu un accident. j’en suis certaine. C’est atroce !… Mon Dieu !… mon Dieu !… Si l’on pouvait se lever… courir…

— Oui, dit sa sœur… si l’on pouvait !… »

Elles perçurent le bruit d’une galopade dans le vestibule, dans l’escalier, dans l’antichambre. La porte allait s’ouvrir. Violemment, elle s’ouvrit. Antoine, le domestique, apparut, le visage décomposé. Un paysan émergea de l’ombre, les vêtements en désordre, et du sang, du sang sur la figure.

« Mais parlez ! parlez donc ! > » ordonna Mme de Revez avec une énergie subite.

Antoine articula :

« Un accident.

— Quoi ! l’automobile…