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LE ROMAN D’UNE JEUNE FILLE

repas sans personne en face d’elle, et ces premières journées interminables où elle ne cesse de pleurer, de ces grosses larmes qui montent du plus profond de notre cœur comme d’une source de chagrin que rien ne peut tarir ! Elle est seule maintenant et ne connaît personne. Que va-t-elle faire ? Où aller ? À qui s’adresser ?

« Le plus urgent, lui répète la dame de l’hôtel qui vient parfois la voir dans sa chambre, c’est de vous entendre avec un notaire. Le mien vous attend. Je lui ai parlé, et il paraît qu’il y a des dispositions à prendre. Rappelez-vous ce qu’a dit le commissaire, rapport aux papiers… »

Gilberte ne se rappelle rien, n’ayant rien écouté. Pourtant, l’obsession de ce conseil, donné chaque jour et avec tant de conviction, finit par la persuader, et un matin, elle fait prier Me Dufornéril de bien vouloir passer à l’hôtel.

Me Dufornéril avait une de ces figures calmes et bonasses dont la vue vous cause dès l’abord une sorte d’apaisement. Il avait toujours l’air d’attacher tant d’importance aux affaires dont il s’occupait, qu’il eût été impossible de n’y point prendre, soi-même, au moins quelque intérêt. Gilberte dut, en conséquence, réfléchir, rassembler ses souvenirs, s’interroger, répondre enfin.

« De ce que je sais, mademoiselle, il résulte que l’on n’a trouvé aucune pièce permettant de constater l’identité de madame votre mère et la vôtre. Le commissaire m’a cependant parlé d’une enveloppe contenant des titres et qu’il vous a recommandé de serrer