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Page:Leblanc - La demoiselle aux yeux verts, paru dans Le Journal, du 8 déc 1926 au 18 jan 1927.djvu/102

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VI

Entre les feuillages


— Ah ! demoiselle aux yeux verts, se dit Raoul, pendant que les trois mules du break, dont il entendait tinter les grelots, commençaient l’escalade des premières pentes, jolie demoiselle, vous êtes ma captive désormais. Complice d’assassin, d’escroc et de maître chanteur, meurtrière vous-même, jeune fille du monde, artiste d’opérette, pensionnaire de couvent… qui que vous soyez, vous ne me glisserez plus entre les doigts. La confiance est une prison d’où l’on ne peut s’évader, et, si fort que vous m’en vouliez d’avoir pris vos lèvres, vous avez confiance au fond du cœur en celui qui ne se lasse pas de vous sauver, et qui se trouve toujours là quand vous êtes au bord de l’abîme. On s’attache à son terre-neuve, même s’il vous a mordu une fois.

» Demoiselle aux yeux verts, qui vous réfugiez dans un couvent pour échapper à tous ceux qui vous persécutent, jusqu’à nouvel ordre vous ne serez pas pour moi une criminelle ou une redoutable aventurière, ni même une actrice d’opérette, et je ne vous appellerai pas Léonide Balli. Je vous appellerai Aurélie. C’est un nom que j’aime, parce qu’il est suranné, honnête, et petite sœur des pauvres.

» Demoiselle aux yeux verts, je sais maintenant que vous possédez, en dehors de vos anciens complices, un secret qu’ils veulent vous arracher, et que vous gardez farouche-