ment. Ce secret m’appartiendra un jour ou l’autre, parce que les secrets c’est mon rayon, et je découvrirai celui-là, de même que je dissiperai les ténèbres où vous vous cachez, mystérieuse et passionnante Aurélie. »
Cette petite apostrophe satisfit Raoul, qui s’endormit pour ne pas penser davantage à l’énigme troublante que lui offrait la demoiselle aux yeux verts.
La petite ville de Luz et sa voisine, Saint-Sauveur, forment une agglomération thermale où les baigneurs sont rares, en cette saison. Raoul choisit un hôtel à peu près vide où il se présenta comme un amateur de botanique et de minéralogie, et, dès cette fin d’après-midi, étudia la contrée.
Un chemin étroit, fort incommode, conduit en vingt minutes de montée à la maison des sœurs Sainte-Marie, vieux couvent aménagé en pensionnat. Au milieu d’une région âpre et tourmentée, les bâtiments et les jardins s’étendent à la pointe d’un promontoire, sur des terrasses en étage que soutiennent de puissantes murailles le long desquelles bouillonnait jadis le gave de Sainte-Marie, devenu souterrain dans cette partie de son cours. Une forêt de pins recouvre l’autre versant. Deux chemins en croix la traversent à l’usage des bûcherons. Il y a des grottes et des rochers, à silhouettes bizarres, où l’on vient en excursion le dimanche.
C’est de ce côté que Raoul se mit à l’affût. La région est déserte. La