vages. Les pluies avaient tracé des rigoles de sable et pratiqué des sentes que les gamins des environs escaladaient à l’occasion. Raoul monta sans peine. La terrasse, tout en haut, formait une salle d’été, entourée d’aucubas, de treillages démolis et de bancs en pierre, et ornée, en son milieu, d’un beau vase de terre cuite.
Il entendit le bourdonnement de la récréation. Puis il y eut un silence et, au bout de quelques minutes, un bruit de pas légers s’en vint de son côté. Une voix fraîche fredonnait un air de romance. Il sentit son cœur qui se serrait. Que dirait-elle en le voyant ?
Des rameaux craquèrent. Le feuillage fut écarté, comme un rideau que l’on soulève à la porte d’une pièce, Aurélie entra.
Elle s’arrêta net, au seuil de la terrasse, sa chanson interrompue et l’attitude stupéfaite. Son livre, son chapeau de paille qu’elle avait rempli de fleurs et passé à son bras, tombèrent. Elle ne bougeait plus, silhouette fine et délicate sous le simple costume de lainage marron.
Elle ne dut reconnaître Raoul qu’un peu après. Alors elle devint toute rouge et recula en chuchotant :
— Allez-vous-en… Allez-vous-en…
Pas une seconde, il n’eut l’idée de lui obéir et l’on aurait même cru qu’il n’avait pas entendu l’ordre donné. Il la contemplait avec un plaisir indicible, qu’il n’avait jamais ressenti en face d’aucune femme.