je vous y conduise ? Vous ne trouverez pas de retraite plus tranquille à cette époque que sur la Riviera. » Quels motifs aurais-je eus de refuser son offre ? Je ne l’aimais certes pas, mais il paraissait sincère et très dévoué. J’acceptai.
— Quelle imprudence ! fit Raoul.
— Oui, dit-elle. Et d’autant plus qu’il n’y avait pas entre nous de ces relations amicales qui sont l’excuse d’une pareille conduite. Mais, que voulez-vous ! J’étais seule dans la vie, malheureuse et persécutée. Un appui s’offrait… pour quelques heures, me semblait-il. Nous partîmes.
Une légère hésitation interrompit Aurélie. Puis, brusquant son récit, elle reprit :
— Le voyage fut terrible… pour les raisons que vous connaissez. Lorsque Guillaume me jeta dans la voiture qu’il avait dérobée au médecin, j’étais à bout de forces. Il m’entraîna où il voulut, vers une autre gare, et de là, comme nous avions nos billets, à Nice où je retirai mes bagages. J’avais la fièvre, le délire. J’agissais sans avoir conscience de ce que je faisais. Il en profita le lendemain pour se faire accompagner par moi dans une propriété où il devait reprendre, en l’absence des habitants, certaines valeurs qu’on lui avait volées. J’y allai, comme j’aurais été n’importe où. Je ne pensais à rien. J’obéissais passivement. C’est dans cette villa que je fus attaquée et enlevée par Jodot…
— Et sauvée, une seconde fois, par moi que vous récompensiez, une seconde fois, en fuyant aussitôt. Pas-