D’un ton infiniment respectueux, il articula :
— Quelle que soit l’incorrection de ma démarche, je vous demanderai la permission de vous avertir d’une chose qui peut avoir pour vous de l’importance. Puis-je me permettre quelques mots ?
Elle choisit un chocolat, et, sans tourner la tête, répondit, d’un petit ton bref :
— S’il ne s’agit que de quelques mots, monsieur, oui.
— Voici, madame…
Elle rectifia…
— Mademoiselle…
— Voici, mademoiselle. Je sais, par hasard, que vous avez été suivie toute la journée, d’une manière équivoque, par un monsieur, qui se cache de vous, et…
Elle interrompit Raoul :
— Votre démarche est, en effet, d’une incorrection qui m’étonne de la part d’un Français. Vous n’avez pas mission de surveiller les gens qui me suivent.
— C’est que celui-ci m’a paru suspect…
— Celui-ci, que je connais, et qui s’est fait présenter à moi l’année dernière, M. Marescal, a tout au moins la délicatesse de me suivre de loin et de ne pas envahir mon compartiment.
Raoul, piqué au vif, s’inclina :
— Bravo, mademoiselle, le coup est direct. Je n’ai plus qu’à me taire.
— Vous n’avez plus qu’à vous taire, en effet, jusqu’à la prochaine station, où je vous conseille de descendre.
— Mille regrets. Mes affaires m’appellent à Monte-Carlo.
— Elles vous y appellent depuis que vous savez que j’y vais.