— Non, mademoiselle, dit Raoul nettement… mais depuis que je vous ai aperçue, tantôt, dans une pâtisserie, boulevard Haussmann.
La riposte fut rapide.
— Inexact, monsieur, dit l’Anglaise. Votre admiration pour une jeune personne aux magnifiques yeux verts, vous eût certainement entraîné dans son sillage, si vous aviez pu la rejoindre après le scandale qui s’est produit. Ne le pouvant pas, vous vous êtes lancé sur mes traces, d’abord jusqu’à l’hôtel Concordia, comme l’individu dont vous me dénoncez le manège, puis jusqu’au buffet de la gare.
Raoul s’amusait franchement.
— Je suis flatté qu’aucun de mes faits et gestes ne vous ait échappé, mademoiselle.
— Rien ne m’échappe, monsieur.
— Je m’en rends compte. Pour un peu, vous me diriez mon nom.
— Raoul de Limézy, explorateur, retour du Tibet et de l’Asie centrale.
Raoul ne dissimula pas son étonnement.
— De plus en plus flatté. Vous demanderai-je par suite de quelle enquête ?…
— Aucune enquête. Mais quand une dame voit un monsieur se précipiter dans son compartiment à la dernière minute, et sans bagages, elle se doit à elle-même d’observer. Or, vous avez coupé deux ou trois pages de votre brochure avec une de vos cartes de visite. J’ai lu cette carte, et je me suis rappelé une interview récente où Raoul de Limézy racontait sa dernière expédition. C’est simple.
— Très simple. Mais il faut avoir de rudes yeux.
— Les miens sont excellents.