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Page:Leblanc - La demoiselle aux yeux verts, paru dans Le Journal, du 8 déc 1926 au 18 jan 1927.djvu/126

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sur un banc de pierre, à l’opposé du parapet. Raoul s’approcha d’elle et, gravement :

— Je ne vous dirai aucun des sentiments que j’ai pour vous, et des raisons qui me font agir. Mais, tout de même, il faut que vous sentiez bien que je vous suis dévoué comme un homme est dévoué à une femme… qui est tout pour lui… Et il faut que ce dévouement vous donne une confiance absolue en moi, et que vous soyez prête à m’obéir aveuglément. C’est la condition de votre salut. Le comprenez-vous ?

— Oui, dit-elle, entièrement dominée.

— Alors, voici. Voici mes instructions… mes ordres… oui, mes ordres. Accueillez votre beau-père sans révolte. Pas de querelle. Pas même de conversation. Pas un seul mot. C’est le meilleur moyen de ne pas commettre d’erreur. Suivez-le. Retournez à Paris. Le soir même de votre arrivée, sortez sous un prétexte quelconque. Une dame âgée, à cheveux blancs, vous attendra en automobile vingt pas plus loin que la porte. Je vous conduirai toutes deux en province, dans un asile où nul ne vous retrouvera. Et je m’en irai aussitôt, je vous le jure sur l’honneur, pour ne revenir auprès de vous que quand vous m’y autoriserez. Sommes-nous d’accord ?

— Oui, fit-elle, d’un signe de tête.

— En ce cas, à demain soir. Et souvenez-vous de mes paroles. Quoi qu’il arrive, vous entendez, quoi qu’il arrive, rien ne prévaudra contre ma volonté de protection et contre la