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dormait, comme bercée par un rêve heureux.

Alors il se glissait dans les pièces réservées à Brégeac et cherchait, vainement d’ailleurs, des papiers ou des indications qui pussent le guider.

Il fit aussi dans l’appartement que Marescal occupait rue de Rivoli des visites domiciliaires extrêmement minutieuses.

Enfin, il poursuivait une enquête serrée dans les bureaux du ministère de l’intérieur où travaillaient les deux hommes. Leur rivalité, leur haine étaient connues de tous. Soutenus l’un et l’autre en haut lieu, ils étaient l’un et l’autre combattus soit au ministère, soit à la préfecture de police, par de puissants personnages qui bataillaient au-dessus de leurs têtes. Le service en souffrait. Les deux hommes s’accusaient ouvertement de faits graves. On parlait de mise à la retraite. Lequel serait sacrifié ?

Un jour, caché derrière une tenture, Raoul aperçut Brégeac au chevet d’Aurélie. C’était un bilieux, de visage maigre et jaune, assez grand, qui ne manquait pas d’allure et qui, en tout cas, avait plus d’élégance et de distinction que le vulgaire Marescal. Se réveillant, elle le vit, qui était penché sur elle, et lui dit d’un ton dur :

— Laissez-moi… Laissez-moi…

— Comme tu me détestes, murmura-t-il, et avec quelle joie tu me ferais du mal !

— Je ne ferai jamais de mal à celui que ma mère a épousé, dit-elle.