Page:Leblanc - La demoiselle aux yeux verts, paru dans Le Journal, du 8 déc 1926 au 18 jan 1927.djvu/208

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voir, à tout prix, par n’importe quel moyen.

» Ce moyen, un hasard funeste le lui apporte. Chargé d’une affaire où il poursuit les auteurs d’un vol, il met la main sur le trio de ses anciens camarades de Cherbourg, Jodot, Loubeaux et Ancivel. La tentation est grande pour Brégeac. Il y succombe et parle. Aussitôt le marché est conclu. Pour les trois chenapans, ce sera la liberté immédiate. Ils fileront vers le village provençal où agonise le vieillard, et ils lui arracheront de gré ou de force les indications nécessaires.

» Complot manqué. Le vieillard assailli en pleine nuit par les trois forbans, sommé de répondre, brutalisé, meurt sans un mot. Les trois meurtriers s’enfuient. Brégeac a sur la conscience un crime dont il n’a tiré aucun bénéfice. »

Raoul de Limésy fit une pause et observa Brégeac. Celui-ci se taisait. Refusait-il de protester contre des accusations invraisemblables ? Avouait-il ? On eût dit que tout cela lui était indifférent, et que l’évocation du passé, si terrible qu’elle fût, ne pouvait accroître sa détresse présente.

Aurélie avait écouté, sa figure entre les mains, et sans rien manifester non plus de ses impressions. Mais Marescal reprenait peu à peu son aplomb, étonné certainement que Limésy révélât devant lui des faits aussi graves et lui livrât, pieds et poings liés, son vieil ennemi Brégeac. Et de nouveau, il consulta sa montre.