Je vais vous soigner… Mais qu’y a-t-il ? Qu’éprouvez-vous ?
Les bandits avaient dû serrer outre mesure la gorge de la jeune fille, et lui briser le cou, car sa face, tachetée de plaques noires et convulsée, présentait tous les symptômes de l’asphyxie. Raoul eut la notion immédiate qu’elle était près de mourir. Elle haletait et tremblait des pieds à la tête.
Son buste se ploya vers le jeune homme. Il perçut le souffle rauque de sa respiration, et, parmi des râles d’épuisement, quelques mots qu’elle bégayait en anglais :
— Monsieur… monsieur… écoutez-moi… je suis perdue.
— Mais non, dit-il, bouleversé. Essayez de vous relever… d’atteindre la sonnette d’alarme.
Elle n’avait pas de force. Et aucune chance ne restait pour que Raoul parvînt à se dégager, malgré l’énergie surhumaine de ses efforts. Habitué comme il l’était à faire triompher sa volonté, il souffrait horriblement d’être ainsi le spectateur impuissant de cette mort affreuse. Les événements échappaient à sa domination et tourbillonnaient autour de lui dans un vertige de tempête.
Un deuxième individu masqué repassa, chargé d’un sac de voyage, et tenant un revolver. Il en venait un troisième par derrière. Là-bas, sans doute, les deux voyageurs avaient succombé et, comme on avançait de plus en plus lentement, au milieu des travaux, les meurtriers allaient s’enfuir tranquillement.