Un des trois bandits se pencha sur lui :
— Toi, si tu remues, tu es mort. Tiens-toi tranquille.
Le trio s’éloigna vers l’extrémité opposée, où Raoul avait remarqué la présence de deux voyageurs. Déjà il essayait de desserrer ses liens, et, par des mouvements de mâchoire, de déplacer son bâillon.
Près de lui, l’Anglaise gémissait, de plus en plus faiblement, ce qui le désolait. De toutes ses forces, il cherchait à se libérer, avec la crainte qu’il ne fût trop tard pour sauver la malheureuse. Mais ses liens étaient solides et durement noués.
Cependant, l’étoffe qui l’aveuglait, mal attachée, tomba soudain. Il aperçut la jeune fille à genoux, les coudes sur la banquette, et le regardant avec des yeux qui n’y voyaient pas.
Au loin, des détonations claquèrent. Les trois bandits masqués et les deux voyageurs devaient se battre dans le compartiment du bout. Presque aussitôt, un des bandits passa au galop, une petite valise à la main et les gestes désordonnés.
Depuis une ou deux minutes, le train avait ralenti. Il était probable que des travaux de réparation effectués sur la voie, retardaient sa marche, et de là provenait le moment choisi pour l’agression.
Raoul était désespéré. Tout en se raidissant contre ses cordes impitoyables, il réussit à dire à la jeune fille, malgré son bâillon :
— Tenez bon, je vous en prie…