Page:Leblanc - La demoiselle aux yeux verts, paru dans Le Journal, du 8 déc 1926 au 18 jan 1927.djvu/267

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semblait au-dessus des forces humaines. Mais la pensée d’Aurélie ne le quittait pas. Il la voyait sous la voûte impitoyable. L’eau poursuivait son œuvre féroce, que rien ne pouvait arrêter ni ralentir. Aurélie en percevait le chuchotement diabolique et sentait son souffle glacial. Quelle ignominie !

Il redoublait d’efforts. La lumière le guidait comme une étoile bienfaisante, et ses yeux la considéraient ardemment, comme s’il eût peur qu’elle ne s’évanouît subitement sous l’assaut formidable de toutes les puissances de l’obscurité. Mais d’autre part est-ce qu’elle n’annonçait pas que Guillaume et Jodot étaient à l’affût, et que, tournée et baissée vers le lac, elle leur servait à fouiller du regard la route par où l’attaque aurait pu se produire ?

En approchant, il éprouvait un certain bien-être, dû évidemment à l’activité de ses muscles. Il avançait à larges brassées silencieuses. L’étoile grandissait, doublée par le miroir du lac.

Il obliqua, hors du champ de clarté. Autant qu’il put en juger, le poste des bandits était établi en haut d’un promontoire qui empiétait sur l’entrée du défilé. Il se heurta à des récifs, puis rencontra une berge de petits galets où il aborda.

Au-dessus de sa tête, mais plutôt vers la gauche, des voix murmuraient.

Quelle distance le séparait de Jodot et de Guillaume ? Comment se présentait l’obstacle à franchir ? Muraille à pic ou pente accessible ? Aucun indice. Il fallait tenter l’escalade au hasard.