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tion. Les deux coups de fusil retentirent parmi les rocs et les falaises. Et tout de suite, Jodot ajouta :

— Tenez, vous êtes un chef, vous. Il n’y a qu’à vous obéir et sans barguigner. Voici les cahiers et voici le testament du marquis.

— Un bon point, s’écria Raoul, qui empocha les documents. Je ferai quelque chose de toi. Pas un honnête homme, ça jamais, mais une fripouille acceptable. Tu n’as pas besoin de cette barque ?

— Ma foi non.

— Elle me sera commode pour rejoindre Aurélie. Ah ! un conseil encore : ne vous montrez plus dans la région. Si j’étais de vous, je filerais cette nuit jusqu’à Clermont-Ferrand. À demain, camarades.

Il monta dans la barque et leur fit encore quelques recommandations. Puis Jodot enleva l’amarre. Raoul partit.

— Quels braves gens ! se dit-il en ramant avec vigueur. Dès qu’on s’adresse à leur bon cœur, à leur générosité naturelle, ils marchent à fond. Bien sûr, camarades, que vous les aurez les deux chèques. Je ne garantis pas qu’il y ait encore une provision à mon compte Limésy. Mais vous les aurez tout de même, et signés loyalement, comme je l’ai juré.

Deux cent cinquante mètres, avec de bons avirons, et après une expédition aussi féconde en résultats, ce n’était rien pour Raoul. Il atteignit la grotte en quelques minutes, et y pénétra directement, proue en avant, et lanterne sur la proue.

— Victoire ! s’exclama-t-il. Vous