Page:Leblanc - La demoiselle aux yeux verts, paru dans Le Journal, du 8 déc 1926 au 18 jan 1927.djvu/281

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avez entendu mon signal Aurélie ? Victoire !

Une clarté joyeuse emplit le réduit exigu où ils avaient failli trouver la mort. Le hamac traversait d’un mur à l’autre. Aurélie y dormait paisiblement. Confiante en la promesse de son ami, convaincue que rien ne lui était impossible, échappant aux angoisses du danger et aux affres de cette mort tant désirée, elle avait succombé à la fatigue. Peut-être aussi avait-elle perçu le bruit des deux détonations. En tout cas, nul bruit ne la réveilla…

Lorsqu’elle ouvrit les yeux le lendemain, elle vit des choses surprenantes dans la grotte où la lumière du jour se mêlait à la clarté d’une lanterne. L’eau s’était écoulée. Au creux d’une barque appuyée contre la paroi, Raoul vêtu d’une houppelande de berger et d’un pantalon de toile qu’il avait dû prendre sur la planche, parmi les effets du vieux marquis, dormait aussi profondément qu’elle avait dormi.

Durant de longues minutes, elle le contempla, d’un regard affectueux où il y avait une curiosité refrénée. Qui était cet être extraordinaire, dont la volonté s’opposait aux arrêts du destin, et dont les actes prenaient toujours un sens et une apparence de miracles ? Elle avait entendu, sans aucun trouble d’ailleurs (que lui importait ?) l’accusation de Marescal et le nom d’Arsène Lupin lancé par le commissaire. Devait-elle croire que Raoul n’était autre qu’Arsène Lupin ?